ROSIE — THE QUEEN WHO LIKED BODIES WITHOUT HEAD.

J'ai pas l'habitude, au début ça m'a fait peur tu sais. T'aimer je m'en sentais pas vraiment capable. Ce pour quoi j'excellais tenait plus de la manipulation, du cynisme, de la malveillance, du jeu, de l'oppression, de la cruauté même. Mais toi je t'ai tout de suite aimé parce que toutes ces choses tu les maitrisais aussi bien que moi. De toutes façons quand tu as posé un genou à terre et que t'as planté ton regard de prince dans le mien, toi Zadig Cartwright, l'ange déchu, mon vocabulaire tout entier s'est réduit à "oui". Si tu tombes, je tombe. C'est toi et pas les autres, et c'est un ordre.

Le même sang coule dans nos veines et je crois que cela se voit. Malgré ton insouciance abusive, tes divertissements douteux et la haute opinion que tu as de toi-même qui souvent t'aveugle, je dois reconnaitre que je suis plutôt fière d'être ta sœur. Il n'y a pas une fille qui n'ai jamais épousé l'idée d'être ta nuit et pourquoi pas ta vie. Et j'aime que toi, Narcisse Lutwidge, tu n'en ai strictement rien à foutre. Bourreau des cœurs, sadique, tu ne l'as pas volée ta place parmi nous. Elles pleurent et toi tu ris, et je ris avec toi.

Cela me fait mal de l'avouer mais je crois que j'ai enfin trouvé quelle était ma faiblesse. Tu es belle comme un cœur, comme un as même, dotée d'une joie de vivre qui aurait pu te valoir une mort précipitée si tu avais été une autre ... Astrid Fletcher, ma petite protégée. Tu as un potentiel indéniable et je puis affirmer avec certitude que tu es littéralement subjuguée par ma personne. Comment en aurait-il pu être autrement ? Je sais que tu as de l'ambition et je fonde de grands espoirs en toi. Peut-être que ton cher compagnon étouffe la part d'ombre qu'il y a en toi mais ça aussi, je m'en changerai en temps voulu. Profite trésor, le statut de favorite est envié ... très envié.

Lysandre Jefferson, ton nom est sur toutes les lèvres pas vrai ? Il semblerait que tous les drogués de ces contrées, autrement dit la totalité de mon royaume soit presque à tes pieds. Je dois reconnaitre moi-même que tes talents sont fort appréciables. Et puis j'ai cru comprendre que tu étais dotée d'un esprit tout à fait remarquable, quoi qu'enfumé la plupart du temps. Oui on t'estime beaucoup ... et le roi s'intéresse même de très près à ta petite personne. Ce qui m'ennuie un peu vois-tu, c'est que tu occupes un place non négligeable dans sa vie. Bien sûr, je préfère crever plutôt que de t'avouer que je te considère comme une sorte de ... rivale. Alors tu devras te contenter de ma mauvaise humeur, parfois.

J'ai vite compris qu'en se peuplant à vue d'oeil, mon cher et tendre royaume m'échappait quelque peu. Et bien sur ça, je ne peux le tolérer. D'où ton utilité Domitille Macleod. Tu es aussi délicieuse que fouineuse et même si tu n'en es pas consciente toi-même, je te trouve particulièrement douée pour la perfidie. Tu m'es utile, tes oreilles et ton manque de discrétion surtout. Je crois comprendre que tu convoites une place au plus près du pouvoir. Qui sait ? Si tu fais tes preuves, peut-être que je saurai me montrer généreuse. Mais n'oublie pas, une chambre à l'année à la résidence du Valet de Pique se paye cher, très cher.

Contrôler et diriger ce monde complètement dingue, ça demande beaucoup d'énergie et je me prend parfois à vouloir lâcher du leste, à perdre pied et à me laisser aller à l'insouciance. Dans ces cas-là, je dois reconnaitre que je n'ai pas trouvé mieux que toi, châpelier, Elzear Sorensen. Tu es l'archétype même du type que je devrais mépriser de par ta légèreté, ton éternelle âme d'enfant ... Et pourtant, je ne sais pour quelle raison, c'est ce qui me plait chez toi et m'empêche de te reléguer au simple rang de jouet ou de sujet docile. On s'enfuie, on ne pense plus à rien et l'espace d'un instant, tu es mon égal.

Notre monde regorge d'individus plus suspects les uns que les autres mais je dois reconnaitre que toi, tu remportes la palme. Enfin toi, je devrais plutôt m'adresser à vous puisqu'il semblerait que tu ne sois pas seul dans ta tête. Entendons-nous bien, mes chers Yliès et Luka Esquire, je vous estime autant l'un que l'autre mais je m'inquiète pour votre bien être. Ne serait-ce pas plus pratique si l'un de vous laissait à l'autre l'opportunité de s'épanouir pleinement ? Je ne sais pas, par exemple, peut-être que l'un de vous deux pourrait définitivement occuper une place au sommet s'il n'était pas freiné par la soit disant morale de l'autre.

Tu sais que tu as de la chance toi ? Pour la simple et bonne raison que tu es mon jouet préféré, tu conserveras probablement la vie sauve pour un bout de temps. Ce qui est particulièrement jouissif ma chère Viridiana Kowski, c'est que tu es d'une docilité et d'une obéissance à toute épreuve. Combien de fois t'ai-je fait courir à travers tout le pays pour un macaron, que je refusais finalement lorsque tu me l'apportais ? Tu as peur de la mort plus que personne, pas vrai ? Et je suis la mort à tes yeux. Dépêche-toi, tu es déjà en retard.

Alors toi, tu es vraiment un cas amusant. J'aime beaucoup la confiance sans borne que tu as pour ta propre personne, cette assurance d'avoir du talent alors que tu en es totalement dépourvu. Lysaght McGowan, barde officiel du royaume : tu en rêves la nuit, avoue. Et moi ça m'amuse de te faire croire que tu pourras y arriver, un jour, si tu y consacres la moindre parcelle de ton être. Et toi tu cours, forcément ... enfin tu chantes plutôt.