:: william middleton ::

ALICE WANTS YOU TO TELL HER A STORY ABOUT YOURSELF

« Alice! Sauve-toi pendant qu’il est encore temps… Tu ne peux pas t’imaginer ce que ce monde cache sous ses airs loufoques. Non, arrête, tu ne sais rien. Il fut un temps ou moi aussi j’ai cru à ce monde, ou j’ai espéré. Mais crois=moi, ici tout n’est que déception et malheur. On te promet la lune et les étoiles avec mais on ne te donne qu’un ciel noir. Non, gris. Le noir a quelque chose de beau malgré son côté sombre. Il est pur. Ici, rien n’est pur, tout est souillé. Si tu restes trop longtemps, tu le seras toi aussi. Même moi je le suis, et pourtant, j’ai tellement lutté pour ne pas l’être. Mais tu ne comprends pas, je suis né souillé. Tout ce qui touche de près ou de loin à ce monde est impur. Alors donc, on ne te donne ici qu’un ciel gris, nuageux, sans espoir d’éclaircissement. Certes, parfois on te donne l’impression que…

« Prenons Astrid par exemple. Je la connais depuis longtemps, nous faisons tous les deux partie de l’entourage du roi et de la reine. Des privilégiés. Nous sommes ensemble depuis peu. Je l’aime, vraiment. Elle est mon soleil à moi dans ce monde de fou. Ici, pour survivre, on doit tous se trouver une raison d’être. Astrid est ma raison, ma lumière. Chacun de ses baisers est pour moi une parcelle de bonheur volée. En fait Alice, je t’ai menti en te disant que tout n’est que malheur. J’ai un peu de bonheur grâce à elle. Seulement… elle ne partage pas mon dégoût face à notre monde… Je voulais me sauver avec elle, elle a refusé. Tu te rends compte?! Ma chère Astrid a refusé de quitter ce monde! Elle… elle aime ça. C’est sans doute un signe de folie, non? Comment une personne saine d’esprit pourrait décemment vouloir rester ici? Il est vrai qu’elle est bien traitée, la reine l’aime bien… mais quand même.

« J’avoue que j’mai songé à quitter sans elle. Ignoble, non? Quitter ce monde pour un autre, sans ma moitié… Je me suis aperçu que jamais je ne pourrais vivre sans elle désormais. Je l’aime plus que je ne le croyais, je suis prêt à continuer le supplice qu’est vivre ici pour ne pas la quitter. Mais toi Alice… rien ne te retiens ici, si ce n’est que la curiosité. Elle est un bien vilain défaut, ne le savais-tu pas?

« Je vois que tu ne me crois pas, il y a une pointe de scepticisme dans tes yeux. Et moi qui te croyais intelligente. Brillante, Lucide. Vive d’esprit. Apte à la compréhension. Me voilà fort déçu jeune femme. Putain, tout me déçoit ici! T’es au courant que Zadig se doute de mon départ?! Personne ne se sauce d’ici sans payer! C’est ma tête qu’ils voudront t’entends? Tu veux que je te raconte l’histoire de Liam? Non? Oui? De toute façon je m’en fous, je te la conte quand même, c’est moi qui décide.

« Liam, c’était mon ami. Pas le meilleur, c’est Isor mon meilleur ami. Mais c’était tout de même un vrai ami, le genre sur qui on peut compter dans toutes les situations. Il m’a souvent sorti de mauvais pas, bref. Je l’appréciais beaucoup. On se ressemblait. C’était bien d’avoir un allié ici, quelqu’un qui partageait mes opinions, avec qui je pouvais parler. Un jour, il a décidé de partir. Il voulait que je vienne avec lui mais j’ai refusé. Astrid… Je ne sais pas comment il s’y est prit, mais il a presque réussit. Sauf que le trois de trèfle l’a vu. Il a alerté la garde, on n’a jamais revu Liam. Tu te rends compte?! Il a surement été torturé, blessé, brûlé, écartelé, flagellé, fouetté, mordu, pendu! Ici, personne n’a de pitié. C’est pourquoi tu dois profiter du fait qu’il est encore temps pour toi de t’en aller. Lorsque tu seras arrivée pour de bon, ce sera pour toujours et tu le regretteras je te le garantis.

« Liam, il m’inspirait. C’est avec lui que j’ai réalisé que ce monde n’avait pas de sens. Ce monde n’est pas logique Alice. Mais depuis sa disparition… J’ai peur! As-tu déjà eu peur toi? Je parle de la vraie peur, pas du sentiment insignifiant que tu ressens lorsque tu vois une araignée ou un serpent. La vraie peur, celle qui te pourrie l’intérieur, qui te serre les trippes, qui te ronge le cœur. Je suis mort de peur, car je crois être le prochain sur la liste. Je n’ose plus rien. Je ne veux pas rester, mais je ne veux pas partir, tu comprends? Non? C’est parce que c’est illogique Alice… TOUT est illogique!

« Alice… Part. Vite. Je t’en supplie.

ALICE WANTS TO KNOW THE REAL YOU